jeudi 5 août 2010

Boucler la boucle ...




























Voilà. C'est fini. Simplement. Tranquillement. Comme un souffle léger, un clignement de cil, une fin de Rêve ...
La dernière étape, entre Hyères et Saint Tropez, a tenu toutes ses promesses. Nous partons donc à cinq, Eric, Philippe, Christophe, Pierre Benoît et moi, l'équipe des tous premiers kilomètres, l'équipe du premier jour, de la première heure. Il fait chaud, l'eau ruisselle sur les casques, l'euphorie me gagne car la fin du rêve est proche, nostalgique, heureux, triste à la fois. Les paysages arides déroulent sous nos roues, nous roulons, roulons, parlons, profitons du moment. Hyères, Solliès, Roquebrussanne, on se rapproche à petits tours de roues ... Saint Zacharie, retrouvailles avec Nathalie, Guy Villanova et le Vélo Club de Cabriès Calas, avec Bouchon, avec Jean Marc, mon entraîneur personnel de la première heure, et nous partons avaler les derniers kilomètres de bitume, alors que mon compteur en affiche 2000. Je l'éteins parce que je ne les compte plus, et rempli mon dernier bidon de rosé ... résultat d'un pari stupide !



Décathlon, Bouc Bel Air : accueillis par les équipes du magasin, partenaires de la course, nous nous posons un long moment. On prend le temps d'une petite interview par Philippe et Eric, le temps d'évoquer le chemin parcouru depuis un mois, le travail de l'association Rêves, l'aide des sponsors : Scorsone, magasin de cycles, dont le vélo a tout simplement tenu un mois sans changer une seule pièce ! Et Renault Aix, dont l'Espace a été notre maison pendant un mois de course ! La CPA et la ville d'Aix, qui ont toutes deux tamponnées nos dossiers de subventions pour que le projet ne coûte rien à Rêves !

Au départ des 10 dernières bornes, Les Esquiches Coudes sont là, l'âge et l'arthrose ne faisant rien à l'affaire quand il s'agit de faire du sport pour la bonne cause, même s'il a fallu leur promettre une plancha digne de ce nom à l'arrivée pour les appâter ! Commandant est là ! Les jeunes du centre de formation du PAUC Handball sont là, pour mettre l'ambiance en tête du peloton ... Escortés comme des princes par la police municipale, c'est peut être la seule fois de notre vie que l'on grille feux rouges et priorités avec l'approbation totale des agents de la circulation ! Dernière côte, que j'ai refait mille fois dans ma tête pendant un an, et que nous arpentons maintenant ensemble pour le final, jusqu'au rond point de la gare routière. C'est drôle. Drôle de se l'imaginer 100 fois et de le vivre enfin. C'est presque trop rapide ...



Dernière ligne droite, la Rotonde en ligne de mire. On arrive. Un Tour, deux tours, trois tours, pour le plaisir. Arrivée. Beaucoup de monde. Des visages familiers. Des sourires. Retour à la maison. C'est beau. C'est réussi. Mon père, ma mère, Jean Christian, , Yves, Hélène et tous les bénévoles ont offert aux enfants une après-midi de Rêves ... Château gonflable, concert, maquilleuses, magicien ... Je n'ai pas assez de bras pour tous et je le regrette car j'aimerais dire à tous combien je suis heureux et touché qu'ils soient là, simplement là, pour Rêves. On s'offre une séance photo supplémentaire autour de la Rotonde pour les journalistes, venus immortaliser la photo finish (merci Antoine, Émilie, Philippe, Eric, Jean Luc, Carole). On s'offre le luxe de distribuer aux mômes des énormes peluches de "Doudous et Compagnie", partenaire de dernière minute qui a fait le bonheur des petits gagnants ... On s'offre des moments en compagnie des enfants ... On s'offre un lâcher de ballons ... On s'offre le luxe de rester encore un peu ensemble, tous ensemble ...

Pas de bilan, pas résumé, pas de conclusion, juste encore un peu de plaisir, le plaisir d'avoir mis le dernier coup de pédale, le plaisir d'avoir fait mentir tous ceux qui n'y croyaient qu'à moitié, le plaisir d'avoir une pensée pour tous les bénévoles qui ont roulé dans l'aventure, le plaisir d'avoir réalisé un Rêve, un plaisir contagieux ...


Un sourire , un regard, un espoir, une victoire

Que les rêves d’enfants ne soient plus illusoires,

Voilà en vérité ce qui fut recherché.

Alors, sueurs et larmes auront saveur sucrée


Roland Duffau


vendredi 30 juillet 2010

Saint Trop' : Le retour aux cigales


Je ne réalise pas. Je ne réalise pas que le projet que j'ai imaginé dans mon cerveau un soir d'été, que j'ai posé sur le papier un stylo à la main, pour lequel mes nuits étaient blanches, que ce projet touche à sa fin. Saint Trop', ses lumières, son histoire, sa réputation de paillettes, de plages sulfureuses, l'odeur des pins ... Un endroit que j'aime parce qu'il y est des gens que j'aime ... Saint Trop' notre point de départ, Place des Lices. Les Braquets Tropéziens, admirable club de retraités fringuants prêts à venir donner un coup de main et un coup de pédale à l'association, sont là. Ils parlent, découvrent Rêves. Carl Blasco est là, triathlète accompli, modestie légendaire en bandoulière, qui contraste avec pas mal de gens dans ce milieu. Une bouffée d'air frais. On se prépare, l'eau coule dans les bouteilles, les derniers flashs de photos s'estompent.

L'air est frais, le vent souffle, de la mer, la chaleur est là, pas étouffante, juste là, présente, parce qu'on revient chez nous, dans le Sud, celui que nos coeurs n'ont jamais quitté mais que les voyages ont gardé loin des yeux. Nous roulons, dans la pinède, petits vallons secs et délicieux où il fait bon poser sa roue. Nous traçons, vite, jusqu'à La Londe. Arrêt, hélés, apostrophés par les bénévoles. Rencontres avec nos amis du service public, concernés par l'association Rêves, heureux d'être là pour soutenir un projet et une cause qui ne leur est pas étrangère, à leur discours simple et comblé.



Notre peloton s'étoffe, l'Union Cycliste de La Londe est rejoint par le Cyclo Club de Hyères, et c'est à 25 coureurs que nous avalons, lentement mais sûrement, les derniers tronçons de course jusqu'au mythique vélodrome de Hyères ! Un Tour d'honneur, un bouquet, le temps de poser ensemble pour la photo souvenir, un tour de piste en moto à vous retourner le ventre, à la vitesse des champions (80km/h) : Michèle Spada, les enfants et les sympathisants de Rêves, présents du début à la fin, préparant boissons et sandwiches, plient bagage, mettant un point final à cette journée, qu'ils ont préparé seuls de longue date, avant dernière étape du Tour.

Étrange sensation. Mettre un point final à un projet d'un an. C'est pour demain.

À bout du Ventoux ...


On ne compte plus les heures. On ne compte plus les crampes. On ne compte plus les cyclistes qui s'arrêtent au bord de la route, on ne compte plus le nombre de fois où on pousse sur les pédales, on ne compte plus le nombre de kilomètres jusqu'au Chalet Resnard, on ne compte plus rien, plus rien ... on arrive en haut. En haut de quoi ? En haut du col mythique parmi les mythiques, en haut du Géant de Provence, perché dans la brume, balayé par les tempêtes et le froid, en haut du seul, unique et terrifiant ... Mont Ventoux !

On l'avait presque oublié, celui-là, caché, bien caché entre deux étapes, au chaud dans son manteau de brume, planté tel un immense caillou sorti de nulle part, rajouté au programme pour le seul plaisir de se mesurer, de se prouver quelque chose de futile et d'indispensable. Il fallait des lacets, des virages, de la sueur, du mal, pour dire que ça valait la peine et que ce Tour de France avait un je ne sais quoi de poésie, d'aventure et le dirais-je, de panache : aujourd'hui, c'est notre "Rêves" qu'on a réalisé.

Jean Luc, Karine, Marc, Christophe, Philippe, Mimi, Papa, Moi : c'est la fine équipe qui s'est élancé de Bédoin pour rallier, 22km plus tard, 22km que les plus grands rouleurs du monde escaladent en moins d'une heure, 22km d'ascension vertigineuse vers les pentes caillassées, froides et abruptes du Géant, pour rallier disais-je le sommet du monde, le sommet de notre monde, la Provence enfin retrouvée.




Nous partîmes donc non pas 500 mais 8, chacun à notre rythme, chacun sa foulée, chacun sa cadence, son coup de rein, son coup de pédale, mais un même pourcentage sous la pattes, une même côte, et un même mal de chien à savoir quand arrivera la prochaine balise kilométrique.

Bédoin : les petits bars, les bruits de vélo, l'enthousiasme des premières minutes, l'insouciance de ceux qui ne savent pas ce qui les attend. Le virage de Saint Estève : une épingle, qui pique les jambes, parce qu'elle vous emmène contre un mur, un mur sans fin, de virage en virage, de lacet en lacet à travers la végétation abondante, abrités, cachés du soleil, mais pas cachés de la douleur. Le Chalet Resnard : la jonction de deux monde, entre la Terre et la Lune, entre le sol et le ciel, où l'on s'arrêtera bien définitivement si l'envie ne nous tiraillait pas les jambes d'aller voir plus haut, d'aller tutoyer les anges. La stèle Simpson : le coeur du mythe, entre deux grandes lignes tracées au couteau sur les flancs du monstre, la voilà qui s'élève, qui crie à tous ceux qui l'auraient oublié que ce col n'est pas un col comme les autres, qu'il abrite une âme et une légende, qu'il souffle sur sa propre histoire comme les vents soufflent sur le front et les épaules éreintés, qu'il raccourci le rythme cardiaque mais rallonge les kilomètres, qu'il éteint l'orgueil et réveille l'humilité.

Et au bout du bout, au bout du dernier virage du dernier bout de bitume, au bout de soi même et au bout de la passion, la délivrance, presque étonnante, surprenante, impromptue quand on croyait dur comme fer que non, décidément, il n'y avait pas de fin à cet enfer, que oui, non, oui, non, peut être encore un peu, peut être quelques mètres, et puis merde, non, on ne pouvait pas s'arrêter, et qu'il fallait encore, si près du but, cravacher, se faire mal, presque une délicieuse habitude ... voilà, c'est la fin. Photos. Petits bonheurs. Un rêve tient décidément à peu de chose.

jeudi 29 juillet 2010

La vélo route : le "Doubs Rêves"












Étape de transition ? La plus belle du parcours peut être, échappant aux voitures à la pollution, une vélo route allant de Belfort à Besançon ! Chaleureusement accueillis par Françoise et Simone Masset dans le Haut-Rhin, nous avons pris la route avec Jacques et Christophe, pour rouler contre le vent dans un paysage de verdure chatôyant ... accueillis par les gardes de la vélo route et toute la délégation du Doubs, Anne et Géraldine Kissel
en tête, cette arrivée au pied de la citadelle était encore une occasion de faire connaître Rêves (pourtant déjà bien implantée ...) dans la région. Une nuit de sommeil, pour attaquer demain matin le monstre sacré du Ventoux ...

mercredi 28 juillet 2010

Le froid, les pavés, le vélodrome : le Nord















Passé Avignon, tout le monde le sait, c'est les pinguoins, la banquise, tout ça ... Gravelines, ville de départ de cette aventure en terre hostile, allait nous réserver bien des surprises ! Jean Paul Ricart, Vice Président de Rêves, avait prévu un lâcher de pigeons cher à la tradition pour fêter en trombe le départ de la plus longue étape du parcours (150 bornes au compteur) : 2 clubs cyclistes de Gravelines, soit un peloton de 20 à 25 coureurs, voilà combien nous étions pour cette 18ème étape ... ce qui n'étonnera personne étant donné la mobilisation des nordistes dans le milieu associatif : Rêves a ici trouvé un bel élan de solidarité ! Et nous voilà partis jusqu'à Bergues, patrie des Ch'tis, pour finir le parcours, toujours accompagné de mon père en pleine forme (je le soupçonne d'avoir dormi 36h le lendemain pour récupérer) pour rallier Roubaix et son mythique Vélodrome, passant par les non moins mythiques "portions pavées" (sur lequel un de mes poignets a failli dire au revoir) ... Sébastien Dejaeghere, organisateur de l'arrivée, et Julie Bain s'étaient employés à ouvrir l'enceinte pour nous permettre de débarquer dans ce haut lieu du cyclisme, un rêve ... Hugues Charles et le petit peloton d'arrivée étions donc tous fiers de notre étape. Mais ce que le vélodrome a de plus mythique, ce sont ... ses douches : j'ai pris la mienne dans le box de Fabian en espérant qu'il me passe son vélo électrique pour les prochains kilomètres :)















Il y a donc là haut des gens ... et des cadeaux (!) que nous n'oublierons pas de sitôt ...

Le Havre de Rêves

Deauville, Trouville, Honfleur ... une ribambelle de petites villes pittoresques pour arriver jusqu'au Pont de Normandie, traversé en voiture, pour retrouver le peloton des régionaux de l'étape ! Mon père ne conduisait pas la voiture mais était sur le vélo en préparation du Ventoux :) Une ballade tranquille, étape de transition avec "l'enfer du Nord" ... L'arrivée sur la plage était particulièrement chaleureuse, orchestrée par Jean Pierre Marc et Marie France Nasilski, ainsi que l'ensemble des bénévoles de Rêves, qui avaient toute cette après midi pour que les enfants (et les grands) passent un beau moment. Mission accomplie ...

dimanche 25 juillet 2010

La Normandie en solitaire




La Normandie, ça monte et ça descend ... sans arrêt ! Parti non loin du Mont Saint Michel, j'ai rallier Merville (après Caen) en souffrant dès les premiers kilomètres : impossible d'appuyer sur les pédales ! Rajoutez à ça un vent à décorner un boeuf et vous obtenez l'étape la plus dure du parcours, tout simplement : heureusement que Pap', dans la RENAULT ESPACE, me coupait du vent de temps en temps, ce qui en plus d'être une bonne publicité pour notre sponsor, est l'exacte vérité ! L'arrivée avec Marco, Thom', Jean, Cathy et Philippe, il fallait bien ça pour se requinquer avant l'étape du lendemain vers le Havre ...